C’est peut-être parce qu’elle a grandi entre la Suède et la France, ces deux pays souvent comparés pour leurs antagonismes, que Paola Bjäringer a développé très tôt une profonde curiosité pour l’autre, surtout lorsqu’il est dissemblable.
Au lendemain de sa majorité, Paola quitte Paris pour gagner la plus cosmopolite des capitales européennes, afin d’y suivre un cursus de gender studies au sein de l’université London School of Economics. De par cette expérience comme des multiples voyages qu’elle accomplit entre temps, en particulier en Inde, Paola s’interroge sur les rapports du genre à l’objet. Elle décide alors de porter ses recherches universitaires sur l’usage et la symbolique des sex-toys féminins de par le monde.
Entre totems et tabous, son travail lui révèle que les objets qu’elle étudie, quintessence de l’intime féminin, sont majoritairement conçus par des hommes. Face à ce paradoxe, Paola décide de produire une série de sex-toys conçus par et pour des femmes. C’est dans ce contexte qu’elle fait la rencontre de la designer Matali Crasset, avec qui elle développe le premier « lovetoy », dont la forme, très éloignée des objets du même… genre, sublime également la fonction.
Il en naîtra une réflexion plus vaste sur les objets et l’amour, dans tous les sens du terme, exprimée dans un livre regroupant les œuvres d’une multitude de créateurs, célèbres ou qui le sont devenus depuis, qu’elle baptise « Love Design », sans doute autant de par son contenu qu’en raison de la passion de plus en plus affirmée de Paola pour l’art par l’objet. Le projet Love Design devient une exposition itinérante qui fera le tour de l’Europe.
Cette passion, elle l’exprimera pleinement lors d’une exposition remarquée dans sa galerie Slott située dans le 10ème arrondissement à Paris, où seront présentées les œuvres spécialement créées pour l’occasion par Matali Crasset, bien sûr, mais également Arik Levy, dont l’oeuvre 
« Contemporary Domestic Confessionnal » figure désormais dans la collection permanente du Chicago Institute of Art ou encore « The power of Love », de Mathieu Lehanneur, qui a rejoint celle du SFMOMA.
Parvenue au terme de cette « Love adventure » qui n’aura pas été qu’une passade, Paola est certaine de vouloir consacrer sa carrière professionnelle à la production d’objets uniques et atypiques, comme à la découverte des talents qui les conçoivent. Elle entre alors de plain-pied dans l’univers du design, en ouvrant une deuxième galerie à Paris dans le quartier du haut-marais, entièrement dédiée au « design-art », niche devenue sa spécialité.
En parallèle, elle entreprend la rénovation complète d’un somptueux local du passage Conti. Niché entre le Pont Neuf et la Passerelle des Arts, à l’emplacement de ce qui fût la Tour de Nesle, cet appartement a été pensé comme un écrin où des originaux d’exception prennent leur place et tout leur sens, affranchis des contraintes et de la distance inhérentes à l’exposition des œuvres en galerie.
Convaincue que l’art et le design convergent à tel point que le marché du design ne tardera pas à ne plus se distinguer de celui de l'art contemporain, Paola a désormais décidé de faire fructifier l’expérience acquise en tant que productrice, galeriste, collectionneuse et éditrice en une même activité de conseil, mettant à la disposition d’une clientèle internationale son expérience et l’important réseau qu’elle a su créer, où se mêlent artistes, designers, architectes d’intérieur, plasticiens, photographes, vidéastes et collectionneurs.